Médiation ou Facilitation de cercles restauratifs

P1000826-1024x940Il y a un conflit au sein de votre équipe, entre collègues ou entre un responsable et un ou des employé(s). Vous aimeriez que vos collaborateurs mettent leur énergie au service de l’entreprise plutôt que de la perdre  dans des interprétations ou des rumeurs qui finissent par détériorer l’ambiance générale de travail et démotiver l’ensemble du personnel. Faites appel à une médiation s’il s’agit de 2 personnes ou à un cercle restauratif, s’il s’agit de plusieurs personnes ou d’une équipe.

La présence d’une personne impartiale et garante d’un cadre sécurisant, permet à chacun de s’exprimer et d’être pleinement entendu en toute confidentialité, pour ensuite rechercher et mettre en œuvre ensemble des solutions qui respectent les besoins de chacun.

Dans les entreprises :

La facilitation de cercles restauratifs est un processus communautaire en plusieurs étapes,  régit par un système restauratif, qui permet de résoudre des différends ou conflits. Il met en présence les protagonistes d’un conflit et d’autres membres de la communauté invités (témoins, responsables…) impliqués d’une manière ou d’une autre, qui peuvent soutenir la résolution du conflit. Le processus favorise une écoute et une compréhension mutuelle, encourage la prise de responsabilité, restaure les liens et améliore des relations entre les personnes. Il permet de trouver des solutions globales et durables qui respectent les points de vue de chacun. C’est une occasion de croissance pour tous. Il est très efficace pour résoudre des conflits d’équipes.

Dans les écoles :

La spécificité des cercles restauratifs est de rassembler l’auteur et le récepteur d’un acte, ainsi que des membres de la communauté qu’ils choisissent d’inviter pour soutenir la résolution du conflit. Le cercle est mené par un facilitateur qui utilise un processus de dialogue défini.

Ce processus de dialogue, guidé par le facilitateur,
– favorise une compréhension mutuelle entre individus,
– invite chacun à reconnaître sa responsabilité,
– suscite la recherche d’actes réparateurs.

Ce processus éducatif, qui favorise écoute et respect mutuels, offre une alternative intéressante aux punitions en milieu scolaire en privilégiant la piste réparatrice et contribuent à rétablir les relations entre les personnes.

Parce que ce processus met en contact l’auteur  et le receveur de l’acte, il permet une prise de conscience par l’auteur des conséquences de son acte. Ce type de dialogue favorise une telle compréhension mutuelle qu’il entraîne au fil du temps, non seulement un changement de comportement, mais il diminue fortement le risque de récidive chez les auteurs.

Cette pratique améliore les relations entre les élèves et entre les élèves et l’équipe éducative, elle offre de gérer les conflits de façon durable et d’alléger ainsi le travail de l’équipe éducative.

Témoignages d’élèves 

Un garçon de 5ème :
« On est soulagé, c’est comme un poids qu’on nous enlève … On peut dire nos erreurs, ça nous dépénalise un peu… On a le droit de s’exprimer librement sans avoir honte et après on sait qu’on va être pardonné… On apprend des erreurs des autres. Ils ont conscience de ce qu’ils ont fait, on prend conscience de ce qu’ils ont fait ;… on prend conscience de ses erreurs à soi. »

Une fille de 5ème :
« Un cercle ça sert. On peut dire des choses que dans le collège on peut pas dire parce qu’on a peur de se faire coller ou d’autre chose. Dans le cercle on peut dire les choses sans que les adultes soient sur notre dos « ah, tu as fait ça… Je vais te coller »… Si on en parle aux parents c’est encore autre chose : soit il prend parti pour nous, soit pour l’autre, mais sans chercher à comprendre.
Dans le cercle vous nous posez des questions que personne – ni les parents –  ne pose. ça nous fait réfléchir sur les manières de se comporter. S’il m’arrive un truc comme ça, j’aimerais bien pouvoir faire un cercle. ça permet de résoudre des problèmes,… la violence… Les deux garçons, ils avaient pas compris pourquoi ils faisaient ça…
Après le cercle, on se sent plus libéré, on comprend pourquoi ils ont agi comme ça…
S’il existe des techniques comme le cercle, j’aimerais bien les apprendre.

Dans le monde de la justice :

Formée par Dominic Barter, formateur en Communication NonViolente certifié par le CNVC, résidant au Brésil, je me propose de vous décrire comment sa pratique restaurative est née.

C’est en rencontrant les populations d’une favela de Rio de Janeiro qu’il s’est rendu compte du climat de terreur qui y régnait. Comme la police n’entre pas ou peu dans les favelas, il y avait beaucoup d’impunité qui rendaient les gangs armés de plus en plus forts. Il a mesuré combien la population avait besoin de paix et de sécurité et demandaient de l’aide pour gérer leurs conflits car ils voulaient une vie différente. De plus, quand un délinquant était pris par la police et mis en prison, le taux de récidive était énorme et donc nombre d’entre eux retournaient en prison et commettaient généralement des délits plus graves par la suite.

Il a alors eu l’idée d’organiser une rencontre entre le plaignant et l’auteur d’un acte, avec des représentants de la communauté. Le processus en 3 étapes et les différentes parties de chaque étape s’est créé petit à petit au fur et à mesure de la pratique des cercles et des problèmes rencontrés. Ex : impossible de gérer le cercle parce que les personnes étaient trop en colère ou quittaient le cercle ou ne comprenaient pas le processus → idée de faire un avant-cercle avec toutes les personnes avant la tenue du cercle. Autre ex : un leader de bande débarquait au milieu du cercle et exigeait que tout le monde se disperse → idée d’instaurer un système restauratif dans la communauté pour informer et intégrer toutes les sources de pouvoir et en permettre l’accès à tous ses membres. De même comme les plans d’actions décidés se volatilisaient dès que les participants retournaient à leur vie quotidienne ; il a alors instauré l’après-cercle qui permet d’évaluer l’action.

En 2004, le ministère de la justice a reçu une subvention du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) pour permettre le lancement des 1ers projets pilotes à Sao Paulo et Porto Alegre : proposer la justice restauratrice comme une alternative possible à la justice punitive (procès-prison). Ces programmes sont une alliance entre les services sociaux et éducatifs, la police et les tribunaux avec l’implication des collectivités locales. Les plans d’actions définis sont alors entérinés par le juge. Les renvoi au tribunal des mineurs ont diminué de 50% depuis le lancement de cette politique. Aujourd’hui, 90% des plans d’actions remportent la satisfaction des participants.

Le projet est en train de s’étendre à d’autres villes et partout dans le pays, des facilitateurs ont été formés.

 « Dès l’instant où juges, enseignants, agents de loi, parents, ou tout autre membre de la communauté peuvent initier le processus, tout le monde est partant. » Dominic Barter, à la Conférence Mondiale de l’International Institute for Restorative Practice (IIRP) à Toronto en 2008.

Ma pratique de formation en facilitation de cercles restauratifs dans le monde de la justice se déroule surtout au Sénégal pour l’instant, avec la collaboration de l’association Espérance en Casamance :

  • Depuis plusieurs années, je forme des gardiens et des détenus et anime des cercles restauratifs dans la prison Liberté 6 de Dakar. Un système restauratif a été mis en place et les facilitateurs formés tiennent une permanence quotidienne de gestion des conflits. Tous les chefs de cellule ont été sensibilisés afin d’encourager les détenus à utiliser cette façon de gérer les conflits plutôt que le recours au poste de police. Le climat carcéral en a été amélioré. Le travail des gardiens a été allégé et l’usage de punitions violentes et humiliantes a diminué. Des détenus libérés ont facilité des cercles entre des détenus et leur famille en conflit, favorisant ainsi, d’une part des réconciliations et un meilleur moral des détenus et d’autre part, leur réinsertion. Certains ont également importé cette pratique dans leur communauté.
  • J’ai également  formé des juges, avocats et travailleurs de Maisons de Justice à Thiès.
  • J’ai  ensuite formé des chefs de quartiers, des acteurs de la société civile, des enseignants et des étudiants à Ziguinchor (Casamance). Un système restauratif a ensuite été mis en place dans le quartier de Boucotte-Sud et à l’Université.
  • J’ai  formé des femmes de plusieurs associations de la Plateforme des Femmes pour la Paix qui utilisent ces pratiques dans leurs interventions auprès des populations.
  • En parallèle, j’ai formé le Groupe de Contact (aile civile) puis des membres de l’aile armée du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance), afin de soutenir le processus de paix dans la région.

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